Une
fructueuse résonance internationale
Mohamed Larbi
CHIKHI dit Babi
Pour rester dans le sillage des années
55/56, évènements qui ont porté la lutte de libération au paroxysme de la
guerre et son non-retour, les 25 août 1958 et 17 octobre 1961 vont constituer à
leur tour des dates extrêmement importantes dans l’évolution de la conduite du
combat libérateur.
Et elles le sont à plus d’un titre.
D’abord, elles marquent l’extension
territoriale, stratégique et politique de la lutte de libération nationale.
En effet, le combat devait absolument se
propager sur le territoire de la France métropolitaine pour que son impact à
l’international soit plus significatif.
Ensuite, il fallait faire en sorte que
cela coïncide avec la chute de la 4ème République et le retour de De Gaulle au
pouvoir dans le sillage duquel est née la 5ème République.
Il fallait par conséquent faire passer
un message clair à De Gaulle et à la nouvelle direction politique française sur
l’inéluctabilité de la poursuite de la guerre de libération nationale jusqu’à
la victoire finale.
Enfin, s’agissant des manifestations du
17 octobre 1961, on ne dira jamais assez qu’elles ont largement contribué à
hâter la fin de la guerre tout en prouvant l’engagement plein et entier de la
Fédération de France du FLN, de ses cadres et militants, de ses sympathisants
dans la lutte pour l’indépendance du pays.
Cette connexité stratégique n’a pas été
le fruit du hasard, elle n’a pas surgi ex nihilo. Elle a été mûrement réfléchie
par la direction du FLN dans le cadre global des conditions à consolider pour
la poursuite et l’intensification de la guerre de libération.
Il fallait faire bouger les lignes à
l’international. Voilà pourquoi les événements en question ont été marquants et
ont influé sur le processus visant la fin de la guerre d’Algérie dans un
contexte politique international favorable et propice à la décolonisation.
Concernant précisément le contexte
international, il était en effet favorable à notre cause, et nous étions
conscients, au sein de la Fédération, du fait que l’action armée, l’engagement
sur le terrain militaire étaient devenus incontournables pour globaliser le
dossier algérien et faire entendre la voix de l’Algérie combattante par tous
les moyens disponibles.
La décolonisation devait désormais
prendre forme sur tous les terrains (diplomatique, politique, militaire…) pour
bien montrer que le mouvement y afférent était total et qu’il ne tolérait ni
atermoiements ni recul.
Et aussi bien l’impulsion que
l’initiative du processus devait revenir tout légitimement au colonisé qui
affichait sa volonté de se libérer de ses « complexes » quant à l’utilisation
des armes contre le colonisateur.
Il devenait donc absolument nécessaire
de relever le défi sur le territoire même du colonisateur, en présence de son
peuple qui, lui, assiste, médusé, à la manifestation de tant de courage et de
bravoure de la part de nos commandos face à leurs ennemis malgré l’inégalité
des moyens.
Les attaques de nos forces un 25 août
1958 viennent également rappeler que la guerre ne fait que commencer sur un
autre terrain, celui de l’épreuve de force, de l’affrontement direct sur un
territoire que beaucoup croyaient sanctuarisé et inattaquable. 85 de nos
éléments sont tombés en martyrs dans différentes attaques menées plusieurs
jours durant contre des sites et objectifs stratégiques à travers le territoire
français.
Cette offensive à caractère militaire
mérite non seulement d’être mise en évidence et commémorée chaque année au
titre du devoir de mémoire, mais elle gagnerait aussi et surtout à être traitée
par nos historiens et universitaires.
Il s’agit d’expliquer avec force détails
pourquoi et comment la jonction des stratégies internes et externes du FLN
devait s’effectuer et donner lieu à des actions de type militaire.
Il était important de montrer de la
détermination dans le processus de dissémination de la lutte de libération
nationale, et de prouver concrètement que le discours politique et diplomatique
du FLN se traduisait systématiquement sur le terrain de la lutte armée, y
compris dans l’Hexagone.
Quant aux manifestations du mois d’octobre 1961, sous la direction du FLN, elles offrent encore une autre lecture a insérer dans le contexte de la lutte que nous menions déjà vers la lutte finale.
Étant entendu que les forces nationales
et internationales avaient choisi leur camp, et que la bête était terrassée,
vaincue par nos militants qui ont accepté de sortir ce soir du 17 octobre 1961
les mains nues, bravant le préfet Maurice Papon et la répression qu’il a
ordonnée. Ce fut sa dernière erreur,
Le fleuve où il croyait pouvoir
dissimuler sa perfidie, continue à briser le silence en rappelant aux uns et
aux autres « qu’ici on noie les Algériens » et qu’au Vel d’Hiv, en 1958, la
rafle des Algériens a laissé les traces indélébiles des méthodes nazies, contre
les juifs en juillet 1942. Les supplétifs de l’époque vont exercer les mêmes
méthodes contre les Algériens au même endroit et partout où ils se trouvent.
Ancien détenu et permanent de la Fédération
de France du FLN (1957-1962)
Cet article a été publié le vendredi 28 octobre 2022.
Posté par Imsat le 28 octobre 2022
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