29 octobre 2011

Poèmes inédits de Mohieddine Boutaleb

Présentation 
La lutte de Libération Nationale de l’Algérie ne s’est pas faite seulement avec les vieilles armes des maquisards et des fidayîn qui on prit part à la deuxième guerre mondiale pour lutter contre le nazisme. Y ont également participé de simples citoyens issus aussi bien des couches sociales parmi les plus démunies que parmi celles qui étaient les plus nanties.
Parmi eux des érudits, des intellectuels, des écrivains, des poètes, et bien d’autres qui ont survécus à cette guerre. Des femmes ont quitté leurs foyers pour grossir les rangs et se sont battues aux côtés de leurs frères d'armes. De ces militants, un intellectuel est resté humble et discret. Un professeur de littérature arabe, médersien de formation qui non seulement n’avait pas hésité à rejoindre le maquis avant d’être arrêté par les forces coloniales mais a aussi formé bien des générations de jeunes dont l’utilité post indépendance de l’Algérie s’est avérée cruciale. Cet homme se nomme Mahieddine Boutaleb et se trouve être mon oncle maternel.  
À la veille de la commémoration du déclenchement de la révolution du1er novembre 1954 il nous livre trois de ses poèmes inédits, le troisième étant consacré à l’intégrisme qu’il qualifie de monstrueux.
Ferid Chikhi
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L'Algérie souffrante
En Algérie, rien à gratter !
Le train gaulois l'a bien ratée.
Sept ans et demi sont mal passés,
A l’horizon nul n'est pressé,
De secourir les blessés,
Gisant par terre la tête baissée.
L’Algérienne est vertueuse.
L'impie la traite de menteuse.
Elle a tenu à sa pureté.
Il l'a, de force, violentée.
Les malheureux ont toujours tort
Les « Roumis »étaient plus forts
Mais Dieu soutiendra les premiers
Et châtiera bien les derniers.
Les sans foi lui rendront compte
Un jour, devant la cour des comptes
De leurs forfaits et de leurs crimes
Pour être brûlés jusqu'à la cime.
Les Algériens sont des humains.
Pourquoi sont-ils soir et matin
Pourchassés comme des chiens errants?
Pour avoir dit non aux mécréants!
La France impie est revancharde.
Bien qu'elle se tienne sur ses gardes
Son implosion est imminente
Car la Justice est immanente.
Boutaleb Mohieddine

Avec l’aimable courtoisie de l’auteur.
Copyright © 2011. chikhidebatna.
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Les pieds noirs impénitents
Mercenaires impénitents!
Vous êtes à jamais impudents!
Mauvais élèves vous demeurez,
Haineux vous le démontrez
Cinquante ans se sont écoulés.
Sur cette guerre, ainsi, appelée
Par vos gouvernants repentis
Qui, malgré eux, ont consenti
A reconnaître â nos martyrs
De justes droits â répartir
Entre leurs veuves et Orphelins
Sans se montrer trop malins
En sollicitant leur pardon
Ne les traitant plus de dindons.
La vie des leurs n'a pas de prix
C'est chose jugée, sans parti pris
Ne soyons plus rancuniers;
Il faut inhumer le fumier
Afin d'éteindre l'incendie
Qu'ont allumé les sales bandits
Qui ne sont pas rassasiés
De voir nos cœurs non sciés.
Les négociateurs des deux bords
Ont bien compris notre sort.
A l'amiable, ils ont tranché
Que les vies ne soient plus fauchées.
Boutaleb Mohieddine
Avec l’aimable courtoisie de l’auteur.
Copyright © 2011. chikhidebatna.
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L'intégrisme monstrueux

Étranger à notre foi.
L'intégrisme est hors-la-loi.
Repoussant et transgresseur
Il fait le jeu des voleurs.
Ejecté car hystérique
Hideux et hypocrite
C'est un mal incurable
Irritant et vulnérable!
Il a tué et égorgé
Avec des armes bien forgées
Des hommes honnêtes et charitables
Des femmes enceintes et pitoyables
I1 n'a épargné aucun être
Pour s'imposer comme un seul maître.
Il a incendié des écoles
Pour faire de nous des bestioles.
La politique de la terre brûlée
Qu'il pratique en écervelé
Est ruineuse pour tout un peuple
Qui lui trouvera une issue simple.
En l'affrontant avec hardiesse
Ii taillera l'ennemi en pièces.
Son passé lui indiquera
Le bon chemin qu'il suivra.
Boutaleb Mohieddine

Avec l’aimable courtoisie de l’auteur.
Copyright © 2011. chikhidebatna.
Tout droit de reproduction interdit sans le consentement de chikhidebatna. 

22 octobre 2011

Il aurait eu 100 ans aujourd'hui ...

De ma sœur … à mon père …
De cette nuit où la longue Dame voilée de nacre noire était venue me chercher, de cette nuit, le souvenir est ciselé.
Elle avait avancé vers moi ses mains froides et transparentes, déposé d'énormes galets dans ma bouche et transformé mes bras en granit dur et morcelé.
Elle voulait m'emporter dans son ascension vertigineuse.
e ciel était à ma portée. Mes trémoussements de fillette fragile hurlèrent non ! 
Mon cri étouffé fut entendu de ma mère, qui réveilla mon père : "elle a encore un cauchemar".
Il se leva, franchit le seuil de ma chambre d'enfant solitaire à moi offerte trop tôt. Il appliqua sa main sur mon front, récita son verset miraculeux.
La longue Dame s'éloigna discrètement, puis disparut dans l'encoignure la plus obscure de ma chambre.
Ma mère me prit dans ses bras : "j'avais des cauchemars aussi à ton âge" Elle ne savait pas alors que, comme elle, au même âge, j'allais être orpheline de mon père.
Le corps du père avait remplacé le mien auprès de la froide créature voilée de nacre noire. "Le verset du trône" m'avait restitué ma navigation morphique jusqu'au matin chargé de sons. La voix de mon père récitant le verset miraculeux ne m'a plus jamais quittée.  Mais j'ai besoin parfois, encore aujourd'hui, de sentir sa main sur mon front.
Beïda Chikhi
Paris, 21 février 2009

Convergences Plurielles 28 nov. 2009 – N* 23.

7 octobre 2011

Élégie sur la mort de ma sœur cadette

Fatima Zohra était ma sœur
Mère de famille à toute heure
Vaquant toujours à son labeur
L’accomplissant avec ardeur
Pour la santé et le bonheur
De ses enfants grands travailleurs
A ses amies ouvrant son cœur
Leur offrant sel et chaleur
Elle mettait fin à leurs malheurs
Elle chérissait ses frères et sœurs
Compatissant à leurs douleurs
Étant sans cesse de bonne humeur
Pour eux elle n'avait jamais de l'horreur
Croyant fermement d'ailleurs
Couler des jours et nuits meilleurs
Avec Rezgui, son bienfaiteur
Dans la gloire de son seigneur
Boutaleb Mahiédine

Une Histoire de la Fédération de France

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